Un Homme du peuple
Le très honorable John George Diefenbaker, Premier ministre du Canada de 1957 à 1963, ne ressembla à aucun chef qui l’eut précédé. Ayant grandi dans les Prairies économiquement défavorisées, Diefenbaker sentit des liens étroits avec les pauvres et les opprimés de la société canadienne. Ses humbles débuts le conduisirent à adopter une politique populiste et humanitaire axée sur les besoins des hommes et des femmes ordinaires.
« On m’a rapproché d’être trop préoccupé par les droits du Canadien moyen. Je ne peux m’en empêcher ; je suis l’un eux ! »
– Diefenbaker, 1967
Elmer Clive Diefenbaker : Jeune frère dévoué
Tout au long de la carrière politique de Diefenbaker, Elmer participa régulièrement aux rassemblements politiques de son frère et fut son partisan dévoué. En 1958, après la réélection de Diefenbaker comme Premier ministre, Elmer accompagna John et Olive sur leur tour du monde. Loin d'être un simple compagnon, Elmer fut parmi les plus proches conseillers de Diefenbaker. Dans de nombreuses photos, on voit Elmer interagissant avec des dignitaires étrangers ainsi que des leaders mondiaux lors d’événements internationaux.
En 1971 suite à la mort d’Elmer, Diefenbaker fit inscrire un hommage sur la pierre tombale de son frère : « Il trouva son propre bonheur en apportant le bonheur aux autres. Érigé par son frère John en reconnaissance ».
Des influences des Prairies
En 1903, les Diefenbaker déménagèrent de Neustadt, en Ontario, vers l’Ouest et dans la région qui allait devenir la Saskatchewan. La propriété familiale à Tiefengrund, près de Duck Lake, devint un arrêt populaire pour les colons d’Europe de l’Est, les Premières Nations, les Métis et la GRC. Dans cet environnement diversifié, le jeune Diefenbaker apprit l’importance de travailler fort et des valeurs égalitaires, et il développa une empathie pour les marginalisés.
« Les terres nouvellement ouvertes [de l'Ouest] avaient tendance à être un grand niveleur social, où chacun aidait ceux dans le besoin, sans tenir compte de la race ».
– Diefenbaker, 1976
Une Rencontre avec une légende
Diefenbaker raconta que Gabriel Dumont, le célèbre général métis de la Résistance du Nord-Ouest de 1885, fut l'un des nombreux visiteurs du homestead familial. Le jeune Diefenbaker fut ébloui par la réputation et la présence de Dumont. De telles rencontres engendrèrent chez Diefenbaker, un profond respect et estime des peuples autochtones.Une Détermination sans failles
Bien que ses origines allemandes et sa provenance de l’Ouest canadien l’aient désavantageusement placé, Diefenbaker fut déterminé de laisser sa trace sur le Canada. À vingt-cinq ans, il devint échevin à Wakaw en Saskatchewan, mais subit une série de défaites électorales pendant les années 20 et 30. Diefenbaker continua à faire campagne tout en croyant qu’il serait le mieux placé pour apporter des réformes positives une fois au pouvoir.
« Étant moi-même d’origine mixte, je savais quelque chose … du sentiment que la citoyenneté dépendait du nom de famille, ou même de la numération globulaire. Lorsque j’étais encore garçon ... j’ai pris la décision d’éliminer ce sentiment ».
– Diefenbaker, 1961
Une forte influence parentale
C’est à ses parents que Diefenbaker attribua sa détermination de devenir Premier ministre. Son père, William, enseignant, lui inculqua un amour du débat et un respect pour l’institution du Parlement. Diefenbaker reconnut que sa mère, Mary Bannerman, une femme courageuse et redoutable, fut celle de qui il hérita sa ténacité et sa détermination.
Un Défenseur des opprimés
En 1919, quelques jours après qu’il eut obtenu son diplôme de la Faculté de droit de l’Université de la Saskatchewan, Diefenbaker ouvrit un cabinet dans le petit village de Wakaw en Saskatchewan. Un mois plus tard, il gagna son premier procès devant les tribunaux. Diefenbaker devint un orateur convaincant qui offrit souvent des conseils juridiques pro bono, et défendit les immigrants et les peuples autochtones qui eux n’avaient recours qu’à peu de défenseurs disposés.
« Tellement que je compatissais avec la personne ayant un très faible revenu … [que] j’ai pris la décision que plus jamais une personne lésée serait permise de comparaître devant un tribunal … sans avoir de défenseur ».
– Diefenbaker, 1976
Une peine mortelle
Possiblement, l’affaire de meurtre la plus controversée de Diefenbaker fut celle d’Alex Wysochan, accusé du meurtre de sa petite amie, Antena Kropa. Bien qu’à maintes reprises Diefenbaker ait tenté d’en appeler du verdict de culpabilité, Wysochan fut reconnu coupable et ensuite exécuté. Cependant, quelques mois suite à son exécution, Wysochan fut trouvé innocent. L’incapacité de sauver son client intensifia la vive opposition de Diefenbaker à la peine de mort.
Une Contestation de la peine de mort
L’opposition farouche de Diefenbaker à la peine de mort fut attribuable à ses expériences en tant qu’avocat. Il défendit dix-huit personnes condamnées à l’exécution et réussit à sauver la vie de seize. De 1957 à 1963, le Premier ministre Diefenbaker commua cinquante-deux des soixante-six condamnations à mort prononcées au Canada. Suite à son mandat et en tant que député fédéral, il vota à maintes reprises contre la peine de mort jusqu’à l’abolition de celle-ci en 1976.
« Certains se demandent pourquoi je me préoccupe tellement de … la peine de mort. … comment vous sentiriez-vous si vous défendiez une homme … qui a été reconnu coupable [de meurtre] ; dont l’appel a été rejeté, qui a été exécuté ; et six mois plus tard le … témoin de la Couronne admet qu’il … avait commis le meurtre mais avait accusé mon client ? Cette expérience ne sera jamais effacée de ma mémoire ».
– Diefenbaker, 1972
L’accident à Canoe River
En 1950, près de Canoe River en Colombie-Britannique, un train rempli de troupes armées heurta un train à voitures voyageurs. Jack Atherton, l'opérateur télégraphique, fut accusé pour ne pas avoir transmis un message qui aurait pu prévenir l'accident. Diefenbaker fut retenu comme avocat de la défense, mais ne pouvait exercer en Colombie-Britannique avant d'avoir payé 1 500 $ pour passer l'examen du barreau de cette province. Il attira l’attention nationale et renforça sa réputation d’avocat quand Atherton fut acquitté.
De nombreuses victimes
Parmi les vingt-et-unes victimes de l’écrasement, dix-sept furent des soldats du 2e Régiment du Royal Canadian Horse Artillery. Les wagons en bois, dans lesquels voyagèrent ces soldats, plongèrent dans un remblai et se fracassèrent à tel point que quatre corps ne furent jamais récupérés. En route vers les États-Unis pour un entraînement avant leur déploiement, ces hommes sont comptés parmi les 516 soldats canadiens morts pendant la guerre de Corée. Encore aujourd’hui, cet accident constitue la plus grande perte de vie au Canada de l’histoire militaire canadienne.
Une Tragédie personnelle
L’affaire Atherton eut lieu pendant l’une des périodes les plus difficiles dans la vie personnelle de Diefenbaker : il ne voulait pas quitter le chevet de sa femme, Edna, car elle mourrait de leucémie. Bien qu’Edna ait pu exercer une influence considérable sur son mari et le convaincre de prendre le cas, elle décéda trois semaines avant le début du procès et ne put voir Diefenbaker défendre Atherton avec succès.
« Parmi les innombrables procès auxquels le brillant John Diefenbaker … a participé, aucun n’avait connu un succès aussi spectaculaire que celui du triomphe de ce célèbre avocat à Prince George, la semaine dernière ».
– The Ottawa Citizen, 1951
Edna Brower Diefenbaker : Fidélité sans faille
Edna rencontra Diefenbaker alors qu'il était avocat à Prince Albert, et en 1929, les deux se marièrent. En début de carrière politique, Edna fut pour Diefenbaker une influence-clé, et sans doute son alliée la plus fidèle. Sa croyance inébranlable en son mari aida ce dernier à traverser de nombreuses défaites politiques, et en 1940, mena à son élection en tant que député.
Edna était bien connue par les politiciens et par la presse pour sa personnalité chaleureuse et charmante ainsi que pour son dévouement à Diefenbaker. À sa mort en 1951, son décès fut mentionné à la Chambre des communes - la première fois qu'un tel honneur fut accordé à un non-député.